01/12/2025

| Complété

Geneviève Hallé | Le parcours d’une bâtisseuse d’inclusion

Description du portrait

Gymnaste accomplie, férue de planche à neige, entrepreneure créative, peintre et graphiste, Geneviève Hallé avait tous les atouts pour atteindre des sommets. En 2001, cependant, alors qu’elle participe à l’épreuve de demi-lune du US Open, au Vermont, une mauvaise chute la détourne de sa trajectoire… Son parcours, à la fois atypique et profondément inspirant, illustre comment une expérience personnelle du handicap peut devenir une force de transformation collective.

Se découvrir autrement

Pour Geneviève, être paraplégique n’a jamais été synonyme de renoncement. Au contraire, cette expérience lui a révélé des aspects d’elle-même qu’elle ne soupçonnait pas : une grande capacité d’adaptation, une aptitude au lâcher-prise et une étonnante faculté à transformer les difficultés en projets porteurs. Elle explique que « toute sa vie d’avant » l’a préparée à ce qu’elle accomplit aujourd’hui. Sa plus grande leçon? Apprendre à mettre son énergie au bon endroit, à choisir ses batailles, et à naviguer avec lucidité entre contraintes et possibilités.

Un parcours professionnel qui nourrit l’engagement

En tant que travailleuse autonome, Geneviève a collaboré à de nombreux projets créatifs. Aujourd’hui, sa flexibilité et sa grande polyvalence se transpose naturellement dans ses engagements pour l’accessibilité et la participation sociale. Son expérience en design lui permet de réfléchir aux environnements, à la communication et à l’expérience utilisateur avec une sensibilité particulière : celle de quelqu’un qui vit concrètement les obstacles que d’autres ne remarquent pas toujours.

Des initiatives qui créent du mouvement

Au fil des ans, Geneviève a mis sur pied plusieurs initiatives visant à favoriser l’activité physique et la participation sociale des personnes en situation de handicap: Be Wheeling, un site de vidéos d’entraînement adaptés, mais aussi, un club novateur de paddleboard adapté, depuis repris par Adaptavie. Ces projets, nés de besoins réels, ont toutefois présenté d’importants défis.

« Le financement, c’est le nerf de la guerre, précise-t-elle, et les démarches administratives sont souvent longues. J’ai aussi de la difficulté à mobiliser des professionnel(le)s de la santé pour m’accompagner dans le développement de certaines activités puisque je ne peux pas les rémunérer. »

Expertise de vécu : observations fines et vision élargie

Au sein de l’équipe PSVI, Geneviève contribue comme experte de vécu à plusieurs projets, dont celui sur les aéroports inclusifs. Sa force réside dans son sens aigu de l’observation, sa capacité à repérer des détails qui échappent parfois aux spécialistes, mais qui changent radicalement l’expérience d’une personne à mobilité réduite. Elle pose les bonnes questions, partage ses idées avec clarté et met en lumière les impacts concrets des décisions méthodologiques ou conceptuelles.

Elle ajoute que la maquette développée par l’équipe dans le cadre du projet sur l’accessibilité des avions a joué un rôle clé : en explorant l’espace reconstitué, Geneviève a repéré des obstacles qui n’avaient pas été envisagés, démontrant toute la valeur de ces outils tangibles pour éclairer la recherche.

Sa participation au balado le Salon de l’inclusion a aussi nourri sa réflexion : elle y a découvert d’autres réalités du handicap, ce qui a élargi sa compréhension des obstacles liés à diverses formes d’incapacité, un regard qu’elle met désormais au service d’autres projets PSVI.

Les obstacles encore bien présents dans les villes

Selon Geneviève, l’accessibilité physique reste un défi majeur dans les villes d’aujourd’hui. Elle cite entre autres un manque de stationnements adéquatement adaptés, de l’information claire et fiable rarement disponible, du personnel sur place souvent mal formé et des infrastructures médicales non-accessibles, comme les tables d’examen trop hautes. Conséquence : Une autonomie limitée et une charge mentale supplémentaire pour les personnes vivant avec des incapacités.

Mais Geneviève souhaite continuer à faire bouger les choses en matière de participation sociale et d’inclusion, notamment en facilitant l’accès à un meilleur soutien financier pour les initiatives citoyennes. Elle rêve aussi de développer de nouveaux outils pour améliorer l’information sur l’accessibilité dans les milieux touristiques.

« Les employé(e)s sont rarement formés pour répondre adéquatement aux besoins variés des clients, constate-t-elle, et il manque cruellement de ressources visuelles permettant de se figurer un lieu avant de s’y rendre. »

Pour elle, les partenariats entre initiatives citoyennes, organismes communautaires et équipes de recherche sont essentiels. « Les projets viennent d’un besoin réel, mais ils se réalisent quand tout le monde s’implique », rappelle-t-elle.

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