À 9 ans à peine, Véronique Vézina a vécu un incident traumatique qui lui a laissé de nombreuses séquelles, d’abord invisibles : l’hypervigilance, associée au syndrome de stress post-traumatique, puis un diabète de type 1, maladie auto-immune qui sera traitée tant bien que mal avec les moyens limités de l’époque.
Puis au début de sa trentaine, Véronique développe des troubles de la vision, conséquence du diabète. Elle perdra l’usage d’un œil, tandis que le second ne compte plus que 10 degrés de vision.
Suivront des complications à la suite d’une fracture. Une infection sévère forcera les médecins à amputer une partie de sa cheville. Elle devra dès lors se déplacer en fauteuil roulant manuel et à s’adapter à une nouvelle réalité.
« Ça m’a forcé à changer mes plans, résume-t-elle. Mais je suis quelqu’un qui va de l’avant, donc je ne me suis pas laissée abattre. J’ai dû faire de la réadaptation pendant dix ou onze mois après ma perte de vison, mais dès que j’ai été capable, je me suis engagée socialement et professionnellement dans le milieu du handicap visuel. »
Et nombreuses sont les organisations qui ont pu bénéficier depuis de son engagement et de son expertise. Notamment, depuis 18 ans, le Regroupement des organismes de personnes handicapées de la région de la Capitale-Nationale (ROP03), dont elle est la directrice. Ce qui la motive dans ce rôle? Porter la voix de ceux et celles qui ne se sentent pas entendus, et solidariser les efforts de chacun.
« Dans les premières années de mon parcours professionnelle, on employait un ton revendicateur pour faire avancer nos causes, explique-t-elle, mais avec le temps, on s’est rendu compte que les concertations et partenariats sont de bien meilleures voies de passage. »
C’est d’ailleurs dans cette optique que le ROP03 s’est associé à l’équipe Participation sociale et villes inclusives (PSVI) du Centre interdisciplinaire de recherche en réadaptation et intégration sociale (Cirris). Le milieu de la recherche s’avère un allié précieux pour développer des solutions concrètes à des problèmes complexes.
« Je pense notamment à un projet d’évaluation des signaux sonores aux intersections des rues développé en partenariat avec PSVI, le RPHV 03-12 et le comité des usagers de l’IRDPQ. Il fallait évaluer différents systèmes pour répondre aux attentes en matière de sécurité des piétons qui présentent un handicap visuel. Les normes imposées par le MTQ ne correspondaient pas aux systèmes majoritairement disponibles sur le réseau routier à Québec. Il fallait donc évaluer la sécurité et le sentiment de sécurité pour chacun d’entre eux afin de clarifier notre position à l’égard des systèmes actuellement en place sur le territoire. »
Prendre en compte toutes les problématiques vécues par les personnes ayant des incapacités, quelles qu’elles soient, représente en effet un défi complexe. Les besoins divergent en matière de handicap et arrimer toutes les actions des organisations pour faire front commun auprès des instances gouvernementales exige de la patience et une réelle volonté de concertation.
Mais Véronique Vézina vise justement à comprendre et à exposer toutes les facettes de cette réalité. Une communication franche et constructive est au cœur de sa démarche. D’ailleurs, elle encourage les personnes qui doivent composer avec différents défis liés au handicap à utiliser les mécanismes déjà en place pour faire entendre leur voix.
« Les gens hésitent parfois à utiliser les services de plaintes ou de commentaires pour dénoncer certaines situations problématiques. Ils peuvent avoir peur des représailles. Mais c’est important de soulever les problèmes, de collectiviser les situations pour faire avancer les choses. Plus il y a de voix qui s’élèvent et plus les chances sont grandes que les instances se penchent sur les questions soulevées. »
Parmi les avancées des derniers mois, on compte notamment la mise en accessibilité du réseau de transport de la Capitale pour les personnes qui se déplaçent en fauteuil roulant, l’accessibilité accrue de grands événements comme le Festival d’été de Québec et Où tu vas quand tu dors en marchant, la bonification à l’offre culturelle adaptée (audiodescription, LSQ, visite pour personnes neurodivergentes, etc.) ainsi que la mise sur pied de comités consultatifs pour assurer la sécurité des piétons sur le réseau cyclable.
« Avec les changements climatiques, les avancées technologiques et les coupures annoncées dans divers programmes, il va cependant falloir redoubler d’effort pour faire valoir nos droits dans les années à venir, conclue-t-elle. Et surtout, pour ne pas perdre nos acquis. »
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Pour plus d’information sur le Regroupement des organismes de personnes handicapées de la région de la Capitale-Nationale (ROP03) : https://www.rop03.com
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